Le jardin thérapeutique
Au cours du Seeds of Love, Muriel nous a parlé de son projet de faire pousser les graines d'amitié reçues, en compagnie de son fils autiste.
"Le Sol va me permettre de créer pour lui et avec lui son jardin et qui sait lui ouvrir un monde sur autre chose que l'administration n'apprend pas, un savoir faire et une passion et peut-être par là un jour un métier !"
Cette confidence que Muriel accepte également de partager sur ce post m'a émue, et ceci d'autant plus qu'il y a un enfant atteint de troubles autistiques dans ma proche famille.
Mes lectures sur les jardins thérapeutiques sont remontées à ma mémoire et en même temps j'ai eu envie de partager les résultats passionnants constatés.
Ce premier livre m'a ouvert sur le monde des interactions entre la nature et notre santé, sur le besoin pour nos organismes de suivre le rythme des saisons dans nos vies effrénées et la nécessité absolue d'allier l'urbanité et la modernité à la nature et surtout sur l'apaisement émotionnel que procure le jardinage.
Puis ma curiosité a été piquée par les résultats évoqués chez les personnes souffrant de diverses formes de troubles de l’humeur, de la communication ou du comportement, comme l’autisme.
Inspiré de l'hortithérapie anglo-saxonne, mais aussi des connaissances orientales sur les cinq éléments, le jardin thérapeutique est "une thérapie physique et psychique par la nature" avec de réels effets positifs dans la maladie d'Alzheimer, l'autisme, l'hyperactivité des enfants, l'anorexie...
Il ne s'agit pas de supplanter les médicaments, mais d'accompagner les pathologies en réactivant des fonctions sensorielles un peu endormies.
Je me suis alors procurée l'ouvrage 'Toucher la terre. Jardiner avec ceux qui souffrent" d'Anne Ribes avec une préface de Gilles Clément, jardinier philosophe que j'apprécie énormément .
En France, Anne Ribes, Infirmière et "jardiniste" se démarque dans ce domaine en donnant vie à ses rêves de jardins en compagnie d'enfants en grande difficulté psychologique ou présentant des troubles autistiques avec une perspective à la fois éducative et d’apprentissage de la vie.
Elle a constaté lors des ateliers d’hortithérapie que cela les éveille et leur procure de grandes émotions communicatives, les valorise et leur donne confiance en l’avenir.
Les recherches les plus récentes en neurosciences démontrent que les rythmes de la vie sont garants de notre santé. L’activité au jardin met en œuvre de nombreux rythmes biologiques, par exemple de la graine à la plante adulte.
De plus offrir à ces enfants, objets de soins constants, l’occasion de devenir des « soignants » à part entière à l’égard du monde végétal, favorise leur éveil.
D'autre part, le jardin est un espace de liberté et de plaisir susceptible de rassurer et d'améliorer leur rapport quotidien à la vie et au monde.
Seeds of Love 2016
Observer n’est pas suffisant, il est nécessaire pour ces enfants de mettre les pieds et les mains dans la terre et de devenir les premiers acteurs du jardin !
Quel est le bénéfice direct du jardin sur ces enfants ?
- la mise en place d'une activité corporelle à l'extérieur pour solliciter la psycho-motricité
- l'instauration d'un partage, d'une médiation avec les autres (lorsque l'activité en groupe est possible)
- la stimulation des cinq sens,
- le toucher de la terre et des plantes
- l'ouïe avec le chant des oiseaux, l'eau qui coule...
- l'odorat avec les parfums des fleurs...
- la vision d'un monde que l'on embellit peu à peu
- le goût des fruits et des fleurs que l'on récolte
Quel est le bénéfice du jardin sur les difficultés de ces enfants ?
- une plus grande sérénité, un mieux-être psychologique, moins d'angoisses et plus de résistance au stress, une meilleure estime de soi
- une plus grande capacité d'attention
- une meilleure qualité du sommeil
- un mieux-être physique
- parfois la réduction des médicaments
En dehors de toute activité organisée par un centre de soin, les activités de jardinage en famille apportent, à ces enfants des possibilités d’avoir un projet commun à partager et surtout à voir grandir ensemble.
Si je devais imaginer des activités au jardin avec les enfants ?
Je prévoirais plusieurs rituels,
- comme s'habiller en conséquence, bottes, tablier ou chapeau de jardinier.
- puis le rituel d'une simple promenade pour voir évoluer la nature, ses formes, ses couleurs d'une fois sur l'autre
- choisir et expliquer l'activité du jour dans le développement de la vie végétale, semis, arrosage, plantations, désherbage, mulching ou dans la réalisation de travail manuel ludique
Je terminerais ou entrecouperais l'activité de dégustations de fruits, de tisanes, etc...
La stimulation des cinq sens, en particulier pour les enfants autistes, me semble être une approche très bénéfique :
- L’ouïe est sollicitée par l’eau qui coule, le chant des oiseaux…
- L’odorat, avec les parfums des plantes, de l’herbe fraîchement coupée, du BRF de paillage, etc… Faire le tour du jardin et sentir les roses, le parfum envoutant de la glycine, un bonheur simple... Réaliser des cabanes et ne pas travailler uniquement...
- La vue grâce à l’observation des plantes, des massifs qui évoluent au fil des saisons…
Observer les massifs qui changent au fil des saisons...
Observer les massifs qui changent au fil des saisons...
- Le toucher de la terre et des différentes textures de feuilles et pourquoi pas réaliser des mandalas avec les éléments récoltés… (sachant que pour certains le toucher est vraiment primordial)
- Enfin le goût lorsque les fruits et les plantes comestibles sont dégustés…
De manière générale, tous les enfants sont très sensibles à la nature. La pratique du jardinage stimule leurs sens, développe leur esprit créatif et observateur et leur permet de se sentir utiles en prenant soin d’une plante ou pourquoi pas également des animaux dans le jardin.
Le jardin est un lieu où l'on se sent heureux. Il doit être un îlot protecteur où l'on a le sentiment que rien de triste ne peut nous arriver...
Cécile (un nouveau jardin) a publié il y a quelques jours cette citation qui fait écho en moi...
Dès que j’entre au jardin, le temps disparaît, l’âge ne compte plus, j’ai la certitude que rien de triste ne peut m’y arriver, si ce n’est la difficulté de le quitter.