L'Alhambra - Grenade - Andalousie
L’Alhambra reste pour moi le plus féerique de tous les jardins.
Les jardins du Généralife, au long bassin bordé de myrtes taillées, orné de jets d’eau qui s’entrecroisent étaient la seule représentation que je m'en faisais.
L’Alhambra nous réserve bien plus de trésors que cela.
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À l’égal de tout édifice islamique, rien de l’extérieur ne laisse présager une telle succession de palais, patios, bassins et jardins, suite ininterrompue de merveilles surgissant l’une après l’autre comme par magie.
L'Alhambra est avant tout une cité palatiale et mérite amplement de figurer sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco .
Vue du Mirador de Saint-Nicolas - 2 photos
Du Mirador de Saint Nicolas, nous contemplons cette forteresse rouge qui se détache sur la colline verdoyante, avec en toile de fond la Sierra Nevada.
Le palais de Charles Quint, immense, domine les palais nasrides.
La forteresse de l'Alacazaba protège l'Alhambra. Cette enceinte cernée de trois rangs de remparts s'étend sur 13 hectares.
Sur la colline voisine, à gauche sur la photo, au nord-est de l'Alhambra on aperçoit la demeure champêtre des sultans nasrides, le Généralife.
Les jardins et les vergers enveloppent l'architecture immaculée.
L'Alhambra domine la ville de Grenade.
Nous redescendons du Mirador de Saint-Nicolas par le fameux quartier de l'Albaicin, ancien quartier maure de Grenade en direction du coeur de la vieille ville.
Albaicin - 2 photos
De superbes vues sur l'Alhambra nous accompagnent pendant toute la descente et rendent encore plus forte l'attente de la visite du lendemain...
Notre guide, Marco nous montre sur ce plan l'étendue de la cité palatiale et la résidence d'agrément, le Généralife bien à part sur la colline avoisinante.
Les palais nasrides furent la résidence des sultans qui régnèrent sur Grenade du XIII au XVè siècle, jusqu'en 1492.
Le raffinement de la culture arabo-andalouse est saisissant.
Le palais de Comares se reflète dans le bassin rectangulaire bordés de myrte odorante. L'imbrication de l'architecture et de l'eau est parfaite.
L'harmonie entre les espaces construits et les jardins, l'eau, l'ombre et la lumière contribuent à la magie et à la sérénité des lieux. Je froisse quelques feuilles de myrte pour mieux m'imprégner de leur parfum ; tous les sens sont comblés...
Nous empruntons un passage vers la cour des Lions. Le Palais des Lions abritait le harem. C'est le refuge du sultan, le palais le plus personnel et le plus raffiné. Il date de la seconde moitié de XIVè siècle.
La finesse incroyable des 124 colonnes donne beaucoup de légèreté et de raffinement à ce palais.
Le centre du patio est orné d'une immense vasque portée par 12 lions sculptés dans le marbre.
Les rigoles d'eau sont à fleur du pavement.
La beauté des lieux est exaltée par l'eau qui glisse sur la structure solide et l'anime en même temps.
Les voutes du plafond de la salle des deux soeurs sont ornées de musqarnas, stucs en forme de stalactites et de nids-d'abeilles typiquement arabes. Elles avaient au départ un rôle architectonique pour répartir la poussée des voûtes et devinrent par la suite purement décoratives. Elles suggèrent la grotte où le prophète a séjourné en allant à la Mecque mais également la voûte céleste.
Salle des deux soeurs - 2 photos
Il faut imaginer ces musqarnas peintes de couleurs vives. Elles prenaient vie grâce aux fenêtres hautes couvertes de jalousies en plâtre serties de verres multicolores.
Les vitraux colorés du mirador de Lindaraja, assemblés sur une structure en bois voutée sont l'unique plafond de ce type conservé à l'Alhambra.
Mirador de Lindaraja - 2 photos
Le XIVè siècle est l'âge d'or intellectuel et artistique du royaume nasride.
Les parties basses des murs sont ornées de céramiques aux motifs d'étoiles.
Les artisans nasrides étaient les maîtres de la brique et de l'eau. Ils excellaient dans les jeux de céramique et de plâtre avec toujours des représentations géométriques ou des ornements végétaux sans jamais utiliser de formes humaines.
Les murs sont chargés également de calligraphies reprenant poèmes de l'Espagne médiévale et textes religieux.
La devise nasride "Il n'y a de vainqueur que Dieu" est omniprésente, mais les inscriptions peuvent être également de simples mots, "fortune", "santé", "bénédiction"...
Les fenêtres de l'étage donnent d'un côté sur le quartier de l'Albaïcin et de l'autre sur la cour de Lindaraja.
La cour de Lindaraja est à mi-chemin entre patio et cloître monastique...
Puis m'étant écartée du groupe, je tombe sur le Palais du Partal. Quelle émotion esthétique !
Nous longeons ensuite le Palais de Charles Quint. Ce palais de masse imposante symbolise le triomphe de la chrétienté sur l'islam. Il domine les palais nasrides de l'Alhambra avec lesquels il communique.
Charles Quint, couronné Empereur en 1520 s'unit avec Isabelle du Portugal à L'Alcazar de Séville en 1526. La reconquête chrétienne de Grenade remonte à ses grands-parents, Isabelle de castille et Ferdinand II d'Aragon en 1492.
C'est lors de son voyage de noces d'une durée de 6 mois à l'Alhambra, qu'il décide de la construction de ce palais de style romain et renaissance italienne.
Palais de Charles Quint (2 photos)
Ce palais est un carré de 63 mètres qui dissimule en son centre une cour circulaire de 31 mètres (diamètre du panthéon de Rome) délimitée par deux niveaux de galeries à colonnes toscanes et ioniques. L'association d'un carré et d'un rond est le symbole de la perfection divine...
Les artisans de cette époque étaient les maîtres de la pierre, des escaliers et des voûtes annulaires.
Ce palais est inachevé ; sa construction s'arrête en 1637.
Nous poursuivons notre découverte entre les palais, et les ruines nous rappellent qu'avant toute chose, l'Alhambra était une médina où vivait la cour, élite de la nation au service du sultan.
Les palais sont merveilleusement mis en valeur par le jeu de jardins.
Nous nous dirigeons alors vers le Généralife, "Jannat al-Arif" que notre guide traduit par "Le Jardin de l'Architecte" tant la nature y est organisée en harmonie avec l'architecture et l'eau.
Cette résidence de plaisance du XIIIè siècle, séparée du reste de l'Alhambra par un fossé était un lieu de repos pour les sultans.
Les roses, les lagerstroemias et les lauriers roses sont en fleurs en ce début août.
On accède au Généralife par un chemin bordé de potagers et de vergers irrigués par le canal du sultan.
Les musulmans y cultivaient aromates et condiments, artichauts, fèves et fruits destinés au ravitaillement de la cour.
Nous voici enfin dans l'emblème de l'Alhambra, la cour du canal, qui nous est parvenue profondément remaniée au cours des différentes dynasties.
Cette cour est parcourue en son centre par le canal du sultan bordé de myrtes et orné de jets d'eau présents dès le Moyen-Àge.
Les études polynologiques (etude des pollens) attestent de la présence de myrte, de roses, de jasmin, de laurier, de plantes aromatiques, de grenadier et d'oranger dés son origine.
Les parapets délimitent quatre massifs où fleurissent un large panel de vivaces :
Ces jardins dans une cour close étaient destinés à être contemplés, notamment depuis la galerie couverte à l'étage.
Contigue à la cour du canal, la cour du cyprès de la sultane longée au nord par une galerie du XVIè siècle.
Ces jardins ont une forte dimension sensorielle avec le doux murmure des fontaines, la sérénité des bassins, le parfum des myrtes et des roses et les couleurs éclatantes. On ne peux que regretter la multitude de touristes...
Mon regard se perd sur ces palais des mille et une nuits et ces jardin d’Eden qui se mêlent et m’étourdissent.
L'eau déviée du fleuve Darro arrive des montagnes à 3000 m d'altitude et à 6 km en amont par le canal du Sultan.
L'eau dévale vers le Généralife par des canaux creusés dans les rambardes, puis traverse les potagers et rejoint l'Alhambra.
Nous regagnons la sortie par un tunnel de lauriers roses.
Les jardiniers de l'Alhambra sont réputés pour leur magnifique travail de taille des junipérus.
Entre l'enceinte du Généralife et la sortie de l'Alhambra, un jardin de style "Belle époque" ou "Jardins nouveaux" date de 1931.
En 2005, un théâtre de plein air a été aménagé pour des concerts. Revenir à l'orée de la nuit écouter de la belle musique et flâner dans les jardins vidés de touristes, voilà de quoi me laisser rêveuse...
Patronato de la Alhambra y Generalife C/ Real de la Alhambra s/n 18009 Granada Teléfono del visitante: 958 027 971
http://www.alhambra-patronato.es/index.php/Bienvenido/1+M5d637b1e38d/0/
L'alhambra fût une source d'inspiration pour les hommes de lettres, Alexandre Dumas, Théophile Gautier, Victor Hugo, Chateaubriand, Washington Irwing... En 1932, ce dernier publie "Les contes de l'Alhambra", grâce auxquels la cité palatiale sort de l'indifférence. Des travaux de restaurations furent alors mis en route.
Merci à Maryse qui m'a parlé dans son commentaire de ce concert magique à l'Alhambra. Si vous avez un peu de temps, regardez...c'est divin !
Le moment présent a un avantage sur tous les autres : il nous appartient.