Patios de Viana - Cordoue - Andalousie
Depuis 1933, chaque mois de mai, un concours municipal des plus beaux patios, a rendu célèbres les patios de Cordoue.
Fête touristique depuis 1980, les patios sont devenus la marque d'identité de la ville.
Cet héritage à la fois romain et musulman a survécu aux évolutions architecturales de chaque époque.
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Au mois d'août, la plupart des patios des particuliers ne sont pas accessibles. Par contre de nombreux lieux publics sont ornés de leurs typiques pots muraux.
Nous parcourons le centre historique de Cordoue en nous rendant au Palais de Viana, véritable condensé des patios de différentes époques.
Les patios que l'on peut admirer aujourd'hui ont plusieurs héritages.
Une influence romaine : les maisons s'organisent autour de l'atrium ouvert pour recueillir l'eau de pluie dans un bassin central.
Une influence grecque : au IIè siècle av JC, le péristyle est un patio à arcades aménagé en jardin.
Une influence arabe : le patio est la partie fondamentale et centrale de la maison.
Cinq siècles, douze patios.
Le palais de Viana est un hôtel particulier, tel que pouvait en posséder la noblesse cordouane.
Du patio médiéval au patio de style renaissance, c'est toute l'histoire des patios cordouans que ce palais nous fait revivre.
Fatima, notre guide, nous explique que c'est le deuxième marquis de Viana, ami personnel du roi, premier espagnol à décoller du sol dans un appareil à moteur, homme d'affaire dans le secteur oléicole, qui fût à l'initiative de faire de son palais une maison-musée.
Achetée par la caisse provinciale de Cordoue en 1980, le palais de Viana est déclaré jardin historique artistique en 1983.
C'est le nouveau patio d'entrée. On l'appelle également patio de la grille en raison de la grande grille qui ferme l'entrée.
C'était l'accès principal au palais ; il est ouvert sur la place et a pour objectif d'impressionner le passant et de montrer la richesse des nobles qui y habitent.
L'architecture est ici de type renaissance. Le patio est entouré de colonnes toscanes.
Ce type de patio doit être toujours vert et fleuri. On y retrouve des asparagus, des fougères, des philodendrons, des plantes volubiles, etc... Le rosier de Banks, les plumbagos, les bougainvilliers et les clivias assurent une floraison pendant plus de six mois.
Le sol est pavé de petits galets typiques de Cordoue, appelés ici "chinos".
Cette maison-patio vicinale servait d'espace de rencontre entre les voisins.
Ce patio d'origine médiévale tire sa source dans la tradition hispano-mauresque ; une tradition à caractère populaire qui s'est rapidement perdue.
Fatima nous fait revivre le quotidien de ces familles modestes, parfois locataires, qui partageaient le patio pour la lessive, l'eau du puits, etc...
Murs ornés de pots suspendus garnis de géraniums et aromatiques.
Ce lieu fut rattaché au palais pour y intégrer le service des cuisines. Il y avait toujours de nombreux chats dans cette zone de service, d'ou le nom donné à ce patio.
Nous traversons une pièce du palais, puis arrivons dans le patio des Orangers d'atmosphère plus intime.
Sa composition rappelle les jardins hispano-musulmans : jardin-verger, fontaine centrale...
Le clapotis de l'eau, le crissement des "garbancillo" (galets de Guadalquivir) et les murs habillés de verdure sont propices à l'apaisement et à l'intimité.
Les murs sont tapissés d'orangers en espalier (oranges en janvier/février et floraison en mars/avril), de glycine de Chine centenaire (floraison en mars) et de plumbagos (floraison en été).
Le fils ainé héritait de l'essentiel du patrimoine, ainsi les biens ne se dispersaient pas et ne pouvaient au contraire qu'augmenter.
Ainsi le palais s'agrandit au fil des siècles jusqu'à atteindre aujourd'hui une superficie de 6500 m2 dont la moitié est couverte par les patios et les jardins.
Ce patio doté de grilles donnant sur la rue offre à la vue du public la position sociale du palais. Orné de fontaines, de jets d'eau, de plantes exotiques, d'éléments archéologiques, il marque le statut nobiliaire de la famille de Villaseca.
Orangers, orangers amers et bergamotiers palissés, toujours verts offrent un spectacle permanent au passant. Ceci dénote une évolution par rapport à la tradition andalouse du patio privé et intime.
Dans l'autre sens, cet espace tourné vers la rue permettait aux nobles d'assister aux processions et de contempler par exemple le passage de la vierge des angoisses le Jeudi Saint.
Les centaurées, plantes fréquemment retrouvées dans les patios de Viana, proviennent de la serre du patio du bassin et sont régulièrement remplacées afin d'offrir le meilleur d'eux-même.
D'un patio, nous passons à un autre...
De style néoclassique, ce patio est complètement intimiste.
L'architecture végétale (cyprès et quatre grandes boules de buis) qui encadre la nymphe de la fontaine centrale a pris sa forme définitive au début du XXè siècle.
L'art topiaire est une tradition romaine reprise à la renaissance.
Vers 1820, doter le palais d'un jardin permet de suivre la mode des autres nobles de l'époque. On y retrouve un mélange d'influences française et hispano-arabe.
Dans 1200 m2, seize parterres de buis abritent une végétation typiquement méditerranéenne : lauriers roses, grenadiers, palmiers datiers... Les agrumes en espalier escaladent les murs : limettiers, citronniers, mandariniers, orangers, pamplemoussiers, orangers amers. Cela donne aux murs une fonction rafraîchissante, tout en obtenant des fruits.
Nénuphars
Une tonnelle circulaire de style grotesque, couverte de lierre se cache dans la végétation.
Notre guide Fatima, évoque les rendez-vous intimes qu'elle imagine dans cet espace caché des regards.
Un chêne vert vieux de 4 siècles a été préservé dans ce jardin.
Appelé aussi patio de la serre, ce patio avait une fonction de service. La serre ajoutée en 1960, peu commune dans les patios, est utilisée pour la culture des cinéraires des fleuristes que l'on retrouve à de multiples reprises dans les patios de Viana.
Le bassin, hérité de la tradition arabe, permet d'ensoleiller et oxygéner l'eau du puits et de décanter les métaux lourds avant d'arroser les plantes au pied. Cette technique se pratique depuis des siècles et encore de nos jours à Viana.
Ce n'est en aucun cas une piscine...
Autre patio de service, il se situe dans la continuité du patio du bassin.
Le puits alimente toutes les fontaines du palais. Le sous-sol de Cordoue dispose d'une grande quantité d'eau depuis les travaux d'adduction d'eau des romains.
Je repense à notre arrivée sur Cordoue, ville blanche au milieu de la sierra désertique, et je suis encore plus admirative de ce travail des romains...
Ce patio de service abrite le matériel des jardiniers.
Je suis sous le charme de ce plumbago en fleur qui recouvre tout un pan de mur de ce patio !
La cour est dégagée, ce qui renforce cette sensation de jardin vertical.
Des azulejos, une fontaine en marbre et des objets archéologiques ont été ajoutés pour donner à ce patio une tonalité plus seigneuriale.
Nous pénétrons alors dans un patio plus frais, dans la pénombre, nommé ainsi en raison d'une chapelle adjacente.
Les murs sont hauts et les agrumes forment une voute élevée à la recherche de la lumière.
Eléments archéologiques, clivias, philodendrons, fougères royales peu exigeants en lumière sont harmonieusement disposés, ce qui crée un équilibre architectural et botanique.
Nous traversons une pièce qui donne tout de suite le ton de ce patio baroque cordouan du XVIIIè siècle.
Les murs sont blanchis à la chaux ; les portes et les fenêtres peintes du bleu Viana. Aucune plante murale ne vient affaiblir la luminosité recherchée.
Cette fontaine restaurée a révélé de magnifiques azulejos.
Ce lieu abrite des archives de grandes valeurs datées du VII au XXè siècle.
Après l'ouverture du palais de Viana au public, ce patio a été ajouté dans les années 80. Il est dédié aux évènements culturels.
Le bassin est d'inspiration nasride.
Il est orné de centaurées, plante devenue une icône à Viana.
Des haies et boules de myrtes ont été préférées au buis en raison du caractère autochtone de la myrte qui pousse abondamment dans les montagnes de Cordoue. C'est également un rappel de son utilisation à l'époque d'Al-Andalous comme dans le célèbre patio des myrtes de l'Alhambra de Grenade.
C'est bien une visite historique et une expérience sensorielle que nous fait vivre le palais de Viana dans cette déambulation de patio en patio d'une époque à une autre, d'un décor à un autre...
Un grand merci à notre guide Fatima, passionnée d'histoire des jardins et qui a su nous en faire percevoir toute la vie qui s'y déroulait et toutes les atmosphères.
Je ne rêve à présent que d'une chose, c'est revenir à Cordoue un mois de mai pour vivre cette fête des patios...
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