Jardins du Château de Losse - Périgord
La région Lot Dordogne regorge de trésors et près des grottes de Lascaux, une petite merveille encore inconnue m'attendait !
Une belle forteresse médiévale transformée en grand logis Renaissance vers 1570 sise dans un Jardin Remarquable.
Majestueuse, l'allée de cèdres du Liban mène directement à un ouvrage défensif : le châtelet fortifié, faisant office d'entrée dans la cour d'honneur du château.
Parcourons ensemble ce lieu magique !
Ce château d'architecture Renaissance bordé de douves se trouve dans un merveilleux écrin, un jardin ceinturé de murs formé par une succession de chambres de verdure en terrasse, dessinées au XVIIe siècle et repensées par les actuels propriétaires couronné par l'obtention du label jardin remarquable en 2004.
Ce jardin clos très organisé, notamment le jardin bas, est directement inspiré de l'art des jardins de l'Italie de la Renaissance (XIVe et XVe siècle) au retour des campagnes d'Italie de François 1er.
La naissance des jardins à la française au XVIIe siècle en seront une évolution.
Typiques, de nombreux tracés de buis enserrent les floraisons. La propriétaire Jacqueline Van der Schueren, par maintes mises en valeur originales d'influences anglaises telles que le Knot Garden ou le pleaching des charmes, a su donner un embellissement très réussi à ce jardin.
Le fronton orné de sa devise :
L'homme fait ce que peut, la fortune ce que veut.
La visite des jardins se fait à son rythme en se laissant guider par les commentaires d'une application téléchargeable.
Nous commençons la visite en empruntant l'escalier d'une tour menant au chemin de ronde.
Très prisée au XVIIe siècle une tonnelle ombragée et parfumée garnie de glycine et de vigne débute le chemin de ronde.
Il fallait un regard exercé et beaucoup d'imagination pour créer un jardin d'un goût si sûr.
L'ensemble constitue un contraste élégant entre la rigueur géométrique des créneaux en buis et la liberté des rosiers Ghislaine de Féligonde qui en émergent.
Vue de l'autre extrémité :
Chemin de ronde et Jardin bas constituent un ensemble agréable au regard.
En écho au plaisir de la vue, l'odorat est comblé par les effluves enivrantes du jasmin étoilé.
Dans la seconde tour, tour de l'éperon : une salle de bain d'époque Renaissance.
Un petit escalier donne accès au jardin bas.
Au cours de la visite, le château s'offre sous différents angles de vue et se révèle
réellement majestueux.
Un jardin de topiaires apparaît en contrebas.
Outre les nombreuses structures taillées, les parterres renferment une sélection de fleurs bien choisies (lavandes ici)
Vers la gauche, le regard est rapidement attiré par un magnifique quadrillage de buis avant de se perdre au loin dans la Vézère.
En pente vers la rivière, cette structure en nid-d'abeilles confère à ce petit espace une gracieuse élégance.
Jacqueline van der Schueren m'explique que cet ensemble topiaire sophistiqué formé par un maillage de buis élaboré porte le nom de Knot Garden, en référence aux broderies des robes sous le règne de la reine Elizabeth I d'Angleterre.
Ayant réalisé ses études en Grande Bretagne, la propriétaire a eu la chance de visiter les jardins anglais les plus célèbres. Il m'est aisé d'en deviner l'influence...
Mon esprit s'évade à Bourton House dans les Cotswolds à l'ouest de l'Angleterre où j'ai pu admirer il y a quelques années un superbe Knot Garden (voir dans ce blog)...
Regardons à nouveau le Jardin Bas d'influence Renaissance italienne :
Un alignement de cyprès se trouve à l'emplacement d'anciennes colonnes en pierre.
Des topiaires taillées en forme de piètement enserrent les cyprès
et semblent posées sur le gravier.
Cette perspective s'achève sur une fontaine bucolique.
Dirigeons-nous vers la cour d'honneur :
Le sens esthétique des propriétaires transparaît dans l'harmonie de cet ensemble.
La cour est fermée à son extrémité par un haie de charmille menée selon le principe du pleaching. Le passage est de la sorte barré tout en maintenant une ouverture vers l'espace suivant.
Cette ouverture donne de la profondeur
Le pleaching est un élément que l'on retrouve fréquemment dans les jardins anglais me souligne la propriétaire. Nous échangeons quelques mots sur les grands jardins anglais tels que Hidcote Manor ou Sissinghurst...
Le choix des charmes pour réaliser le pleaching s'imposait dans le Périgord.
Des démonstrations de pleaching des charmes ont lieu lors des rendez-vous aux jardins.
Ce jardin est à mon avis une réussite dans le sens où il offre une grande diversité de points où le regard peut se poser, mais aussi parce qu'il est fait d'une succession d'ambiances bien différenciées.
Nous interrompons notre déambulation dans les jardins pour 45 minutes de visite guidée des appartements du Grand Logis garni d'un mobilier d'époque XVIe et XVIIe siècle
Admirez le pisé. Une des chambres à l'étage présente un impressionnant sol du même acabit !
Nous parcourons avec plaisir le cadre de vie de Jean II de Losse, descendant des Beaulieu de Losse, originaires de la région de Gand et de Bruges et venus s'installer sur les rives de la Vézère dès le XIe siècle.
Il fût Page de François 1er, fidèle serviteur de tous les fils de Catherine de Médicis, précepteur d'Henri IV et gouverneur de Guyenne.
La grande terrasse ornée de balustres du XVIe siècle s'appuie sur la falaise bordant la Vézère.
Depuis la terrasse, nous découvrons le jardin bas sous un autre angle de vue ainsi que la facette plus intime de l'espace réservé aux propriétaires.
Une terrasse couverte de verdure taillée au cordeau a été aménagée pour des repas en toute tranquillité.
Le calme règne, propice à une imprégnation du jardin...
De l'autre côté des douves, le jardin se poursuit. Un élément d'architecture original m'intrigue...
La propriétaire qui s'est jointe à nous explique cette judicieuse avancée par la possibilité d'une vue sur la rivière au loin...
Pénétrons dans ce nouvel espace...
Et admirons à nouveau ce merveilleux travail de pleaching.
Ici l'ambiance est toute autre !
L'espace d'un instant, me voici transportée dans les jardins anglais...
Plantés d'espèces classiques de valeur sûre, ces parterres peuvent inspirer chacun d'entre nous !
Un jardin de qualité peut se concevoir avec des végétaux simples, s'ils sont bien employés : spirées et verveines de Buenos Aires enserrées comme ici dans des bordures de buis.
Après cette succession de chambres classiques et ordonnées, l'ambiance devient plus libre et champêtre.
La propriétaire suscite le respect et endosse encore ici le rôle de paysagiste en imaginant dernièrement cette ellipse. Le tout en n'hésitant pas à mettre la main à la pâte du haut de ses 80 ans !
Devant le parterre d'iris, elle m'annonce n'avoir pas eu le temps de couper les fleurs fanées !
La visite peut se prolonger par une promenade ombragée dans le parc longeant la rivière.
Ou par une pause au salon de thé...
Je quitte ce flamboyant château, charmée autant par la douceur des lieux que par l'accueil de la propriétaire passionnée par son jardin. Dans son écrin labélisé "jardin remarquable", il offre un parcours enchanteur dans une succession de merveilleuses chambres de verdure où l'esprit et les sens invitent à méditer sur la devise de Jean II de Losse "' L'homme fait ce que peut, la fortune ce que veut".
Bouquet à l'entrée du Logis