Jardin du Palais de la Berbie - Albi, Tarn
Parmi les trésors albigeois classés au patrimoine mondial de l'Unesco se trouve un jardin qu'il me fallait absolument vous faire découvrir !
Dominant le Tarn, le palais de la Berbie (Berbie vient du mot occitan "bisbia" signifiant évêque) fût achevé à la fin du XIIIème siècle, suivi par la construction de la cathédrale. Ces deux impressionnants bâtiments symbolisaient le triomphe de l'Eglise catholique sur le catharisme.
Un peu d'histoire pour mieux comprendre...
"Aux XIème et XIIème siècle apparut un mouvement religieux qui allait profondément changer l'histoire du Midi et d'Albi. Des hommes prêchaient une nouvelle foi qui ne reconnaissait pas l'autorité de l'Eglise de Rome dont ils allaient bientôt s'attirer les foudres. Ce mouvement a été tardivement appelé le 'Catharisme". Les Cathares aspiraient à une simplicité et un ascétisme dont l'Eglise catholique s'était fortement éloignée.
Elle prit rapidement la forme d'une contre-église et représentait une sérieuse menace pour la papauté et les prélats. De nombreuses missions de prédication furent menées dans le Midi pour contrer l'hérésie.
Les habitants d'Albi avaient cette réputation d'hérétiques. Les adeptes de la nouvelle foi furent d'ailleurs surnommés les "albigeois" (le mot "cathare" pour les qualifier n'apparaîtra que bien après le XIXème siècle)." Source Wikipédia
L'évêque d'Albi Hyacinthe Serroni fit installer de magnifiques jardins à la française au XVIIème siècle.
Ils sont organisés en terrasses et contre-terrasses de parterres à la française bordés d'escaliers de pierre.
Les courtines Nord et Ouest furent par la suite converties en promenoirs.
Des tonnelles ornées de vignes ombrent la promenade.
De ce côté-ci la vue porte sur la massive et élancée cathédrale Sainte Cécile d'Albi, symbole elle aussi de la puissance retrouvée de l'église romaine.
Son architecture unique et fascinante se différencie brillamment des habituelles architectures gothiques admirables ailleurs en Europe.
Au XVIIIème siècle, le Cardinal de Bernis ajoute sur la courtine basse des statues à l'Antique symbolisant les saisons.
Nous voici à l'autre extrémité du jardin.
Nous pouvons observer les espèces plantées dans les broderies, choux bleu gris, betteraves mullticolores, soucis jaunes et orangés, etc...
En 1905, la séparation de l'Eglise et de l'Etat enlève définitivement au Palais sa fonction primitive pour le convertir en musée Toulouse-Lautrec.
Les parents de l'artiste, le comte et la comtesse de Toulouse-Lautrec font don à la ville d'Albi de l'ensemble des oeuvres recueillies à la mort de leur fils en 1901 : affiches, dessins, lithographies, documents divers et peintures.
L'acceptation de ce legs par la ville d'Albi fût un pari courageux dans la mesure où Lautrec de son vivant ne recueille pas que des louanges pour son oeuvre et où, mis à part quelques avant-gardistes, bien peu apprécient son talent.
1922 : Inauguration des galeries consacrées au peintre Henri de Toulouse-Lautrec.
Afin d'éviter tout risque d'incendie, toutes les salles de la forteresse sont couvertes en voûtes d'ogives en briquettes.
Dans le musée :
"Depuis les tableaux de jeunesse, jusqu'aux dernières toiles du peintre, tous les thèmes qui jalonnent son parcours artistique sont illustrés, restituant l'image d'une vie mondaine et artificielle propre aux milieux que Lautrec fréquente en cette fin de siècle. Au-delà du transitoire des sujets –cafés-concerts, cabarets, maisons closes, théâtre–, c'est une quête de l'humain qu'entreprend Lautrec d'un trait aigu et sans concession, éliminant de ses oeuvres l'accessoire pour ne garder qu'un rendu synthétique et incisif."
Vue sur le jardin et le Tarn depuis les salles du musée :
Pour en savoir plus sur l'histoire familiale du peintre :
"Henri de Toulouse-Lautrec, naît en 1864 à Albi, d’une famille royaliste issue de la plus ancienne noblesse provinciale. Sa mère, Adèle Tapié de Céleyran, a épousé son cousin germain Alphonse, comte de Toulouse-Lautrec, brillant cavalier, passionné, comme toute sa lignée, de chasse et de chevaux.
Henri grandit dans un climat de tendresse partageant sa vie au château du Bosc, situé au Nord d’Albi dans le Rouergue.
Lautrec souffre d’une maladie osseuse d’origine congénitale probablement due au mariage consanguin de ses parents. Elle orientera définitivement la destinée du jeune homme. Immobilisé de longs mois, il occupe en effet ses journées en dessinant, puis en peignant, développant un goût largement répandu dans son entourage, et un don qu’il avait manifesté très jeune, jusqu’à en faire une vocation." Source musee-occitanie.fr
Il m'est impossible de clôturer ce post sans partager avec vous mon enthousiasme pour ce magnifique trésor que représente la cathédrale d'Albi :
L'état de conservation des peintures aux tons or et bleu de France me laisse stupéfaite ! Elles ont été réalisées entre 1509 et 1515 par des artistes italiens.
Durant cette période angoissante et compliquée, il est plus que jamais nécessaire de revenir à ce qui peut apaiser nos âmes en régalant nos yeux de toutes les beautés qui s'offrent à nous. A très bientôt pour partager une nouvelle découverte ou tout simplement un moment dans mon jardin !